Comme toujours pour les œuvres d’art fondamentales, il y a les « classiques », issues de l’antiquité grecque puis romaine. Et il y a les modernes. C’est le cas pour les trois Grâces, qui ont inspiré les sculpteurs depuis deux mille cinq cents ans et davantage. La plus belle ? Celle du Louvre, provenant de l’ancienne collection Borghèse (1807). Cette sculpture romaine, découverte dans la Villa Cornovagilia sur le Mont Coelius, est une copie hellénistique datant de la fin du IVème siècle av J.C.
Au XVIIIe, le sport consistait à collectionner les antiquités, partout où l’on pouvait exploiter les fouilles. Et on ne se gênait pas pour les remettre à neuf en leur rajoutant bras et jambes manquants, pensez à la Vénus d’ Arles. Le mieux était de s’adresser à un grand sculpteur, et de lui confier les vestiges pour une restauration complète : ce que fait le cardinal Borghèse en 1609, en demandant à Nicolas Cordier de refaire les têtes manquantes. Elles sont donc « modernes », même si la base est antique.
La belle sculpture classique n’a pas d’âge !
Les Grâces sont des divinités mineures considérées comme les compagnes d'Aphrodite. Elles seraient les filles de Zeus et d'Eurynomé, la fille d'Océan et de Téthys. Le plus souvent au nombre de trois, les Grâces (en grec : charités - en latin : gratiae) personnifient la beauté, la douceur et l'amitié. Hésiode évoque l’une d’elles nommée Aglaia (l'éclatante) parfois retenue comme femme d'Héphaïstos à la place d'Aphrodite. Homère, dans "L'Iliade", l'appellera Charis. Il rapporte également la légende d'une Grâce, nommée Pasithéa, qui épousera Hypnos (le Sommeil), offerte par Héra.
On a trouvé la représentation des trois Grâces un peu partout dans le monde antique. Comme la libération de la Lybie rend à nouveau possible la visite de Tripoli et de son célèbre musée, où sont rassemblés les vestiges trouvés à Leptis Magna, on peut y voir les trois Grâces. A cause des évènements sans doute, elles ont perdu leur tête et seule une l’a retrouvée mal collée (tout le monde n’a pas le talent de Nicolas Cordier !). Il en est de même des trois Grâces de Cyrène, un peu moins malmenées mais moins gracieuses me semble-t-il.
La question (gravissime) qui peut surgir à notre esprit est la suivante : s’agissant de sculpture, les modernes ont-ils égalé les anciens, grecs, ou romains ?
Et en sculpture ? Il y a Canovas, pas mal ! mais il y a plus fort : Jean-Jacques dit James Pradier, ami de Victor Hugo : le sublime sculpteur des chairs, le Bernin français, le plus grand : le modèle en marbre de ce groupe sera achevé en 1825 et exposé au Salon de 1831.
Les romains sont battus,
Les grecs aussi !
Les français font toujours mieux…
… quand ils sont inspirés !