Cette statue de deux mètres de haut est commandée en 1889 à Louis-Ernest Barrias (un sculpteur parisien, né en 1841, mort en 1905, et connu pour ses nombreux monuments parisiens) pour orner la nouvelle faculté de Médecine de Bordeaux. Une jeune femme, l'allégorie de la Nature , soulève d'un geste lent les voiles dont elle est enveloppée. Après avoir achevé la première version en marbre blanc pour le décor du bâtiment, Barrias en conçoit une seconde, polychrome, destinée à l'escalier d'honneur du Conservatoire des Arts et Métiers à Paris. Il exploite pour cela le marbre rouge polychrome pour la robe ; l'onyx de carrières redécouvertes en Algérie pour le voile ; la malachite pour le scarabée ; et le lapis-lazzuli pour le ruban, du corail pour les lèvres. L'effet général est d'une richesse surprenante, et on peut s’en convaincre aujourd’hui au musée d’Orsay. Devant le succès rencontré par l'oeuvre, de nombreuses éditions furent réalisées, un exemplaire en plâtre au Musée de Grenoble ; un autre en marbre blanc à la faculté de médecine de Paris V, et des tirages en bronze, les plus riches étant polychromes eux aussi.
Quand on y réfléchit bien, le thème traité par Barrias a un contenu titanesque !
Je vous livre les propos, trouvés sur le net, de Nathanaël Gobenceaux, géographe :
“Si quelque chose est dit sur la nature, alors ce n'est déjà plus la nature” (Cheng Hao).
Au commencement était la Nature , libre de tout artefact, la nature à l'état sauvage, la nature au naturel. Puis l'homme est apparu, volontaire, intelligent, et il a voulu domestiquer cette Nature. Si on prend en considération la phrase mise ici en exergue, alors on peut dire que la nature n'existe plus depuis quelque temps déjà. En effet, notre société du bavardage où tout a été dit ne se prive pas de faire mention, un peu à toutes les sauces, de cet état de nature. Aujourd'hui, on a une tendance à la naturalisation, à l'empaillement de la nature, à sa remise en forme illusoire. On nous vend pour nature un ersatz campagne où même avec des œillères sévères on ne trouverait pas le moindre atome de naturel…. …on pourrait dire que la nature est ce qui reste une fois que l'homme n'est jamais passé. Ce que l'homme dans toute son ostentation n'a jamais touché, ce que l'homme dans toute sa prétention n'a jamais regardé. Or, à l'heure du tout image et des satellites couvrant systématiquement la surface notre planète, peut-on dire que la nature existe encore sur cette terre ? Que celui qui trouve un morceau de nature le chante, le danse, mais que surtout il ne le répète à personne.
Décidément,
…cent vingt ans plus tard...entièrement dénudée...
…ça donne à penser…
Non ?