lundi 30 mai 2011

le supplice de Tantale



Encore au musée de Vichy, une sculpture grandeur nature de Raymond Léon Rivoire, de Cusset  lui aussi !


Les amants (on imagine que ce sont des amants ?) sont liés dos à dos par les poignets....



et le supplice, n'est-ce-pas, est de ne pouvoir se retourner....


En cette période où des hommes... (éminents) perdent manifestement la tête, cela rassure de penser à Tantale dans ce musée... décidémment très éclectique....

je reformule le commentaire sur l'étiquette :

"des désirs trop prompts à se réaliser sont toujours trompés..."

dimanche 29 mai 2011

aquis calidis

Autrement dit Vichy !

C’est drôle ce tour sud-nord qui part de Tàrraco et nous mène en Auvergne.

Dans le Vichy antique, on vénère Bacchus, et on se baigne tout en buvant l’eau du bain.


On trouve les mêmes installations plus au nord dans les Vosges à Plombières, dans le centre spa-balnéo-romain de calodae, où l’étuve est d’origine.

Miracle ! le musée de Vichy est ouvert, et tout comme en Catalogne, il est gratuit ! gratuit et désert il faut bien le dire. Installé dans le centre Valéry Larbaud (1881-1957), il contient quelques œuvres magnifiques.



Et ce petit buste de mon copain Robert Mermet (1896-1988) qualifié de sculpteur bourbonnais-auvergnat, dont l’inventaire du musée référence quelques autres œuvres (buste du docteur Lacarin ; monument aux morts de la résistance).



















                                     
                                           
Et dans l’escalier d’honneur, cet austère vitrail de 1929 .

Il faut continuer de marcher à pied et ouvrir les portes pour tomber sur d’autres chefs-d’œuvre, associant vitrail et ferronnerie.



et rue de Strasbourg, on est dans l'Art nouveau le plus authentique !


Ephèbe(s)

Voilà une statue antique en bronze, de un mètre quarante de haut, datée du IVe siècle av. J.-C., trouvée dans le lit de l'Hérault, face à la cathédrale Saint-Étienne d'Agde, en 1964 par Denis Fonquerle et Jacky Fanjaud. Quelle découverte ! un bronze antique, un superbe vert patiné, quasi intact, gisant comme ça, dans le lit de la rivière !

Et puis ça change des romains : nous sommes quatre cents ans avant,  chez les grecs !

Qui a bien pu couler ce bronze relativement gros, en utilisant la technique de la cire perdue ?


Le style, dixit Wikipédia, est celui du sculpteur Lysippe de Sicyone et il pourrait s’agir d’Alexandre le Grand. Vous jugerez plus tard s’il faut vraiment croire cette interprétation. Pour être franc, la tête paraît un peu petite pour le corps. Les épaules sont celles d’un champion de natation. Plus bas, c’est manifestement un monsieur du sexe masculin. Manquent seulement un bras et les pieds, ce qui est déjà extraordinaire. La nudité est rehaussée par un bout de toge, à moins que ce soit une serviette de bain comme si Alexandre sortait tout bonnement des thermes ?




















Après avoir été exposée au musée du Louvre pendant plus de vingt ans, l’œuvre est revenue en 1986 à Agde où elle est conservée dans le « Musée de l'éphèbe », construit spécialement pour lui, et inauguré par le ministre de la culture de l'époque, François Léotard. Comme dans les musées modernes privilégiant les économies d’énergie, les visiteurs sont plongés dans le noir,  à peine percé de leds minuscules laissant les œuvres dans la pénombre, de manière à faire travailler davantage l’imagination sans doute. Pour le photographe- dûment autorisé par Madame le Conservateur en réponse à une demande dactylographiée- à prendre des photos (sans utiliser le flash susceptible d’altérer la patine d’Alexandre), la tâche est rude d’autant plus que les appareils numériques modernes n’ont pas de touche « pause » comme autrefois, pour prolonger le temps d’exposition. La guide qui me suit pas à pas comme à Pékin (quand on surveille étroitement les touristes occidentaux) n’en revient pas du nombre de photos prises, et de mon explication qu’il risque d’y avoir beaucoup de ratages vu la pénombre du tunnel dans laquelle nous sommes immergés !


Cette statue est maintenant l’emblème de la ville d'Agde. Une copie de grandes dimensions a été érigée sur un rond-point routier (le rond-point de l'Éphèbe) près de la rocade sud. Quand on a réussi à garer son véhicule, on peut photographier … sans autorisation…ouf ! Liberté, liberté comme chante Cantelou imitant Montagnier !


En voyant les orbites vides, je pense à l’éphèbe de Marathon dont les yeux sont intacts. Il s’agit d’une statue en bronze découverte en 1925 en baie de Marathon, d'où son nom. Même taille de un mètre trente. Elle est communément rattachée à la sculpture grecque du second classicisme, c'est-à-dire du IVe siècle av. J.-C. Pareil ! Elle est conservée au Musée national archéologique d'Athènes. Autrefois, on chantait des chansons grivoises sur le musée d’Athènes, sur le thème des fils d’Hercule par exemple…peut-être à cause de lui ?  à cause d’eux ?


Agde ; Athènes ; mêmes éphèbes !





dimanche 15 mai 2011

Casa Navàs

A profita les visites guiades a l’interior dels edificis més destacats de l’arquitecte Domènech i Montaner….
…opcional…
Casa Navàs…
Duracion : 1 h aproximadamente…
Uno de los mejores ejemplos de arquitectura modernista de Europa, obra de Doménech i Montaner. La visita permite conocer la magnifica decoracion interior de un edificio que està declarado monumento historico-artistico.


















Il a fallu prendre rendez vous (en catalan) auprès de l’Office de Turismo de Reus. Une semaine plus tard, samedi 14 mai, il est onze heures, nous sommes quinze, quelques français, la majorité d’Allemands, à tel point qu’il y a une traductrice allemande, et que le commentaire se fait dans les deux langues. Nous sommes pilotés par Concha, apparentée plus ou moins à la famille Nàvas me dit-elle dans un excellent français. Elle est attentive : c’est une visite privée : il faut chausser des sur-bottes comme dans un abattoir pour ne pas abîmer les mosaïques et les parquets. Ne toucher à rien. N’ouvrir aucune porte, et surtout, aucune photo ! Interdit les photos. Je suis effondré !

L’an passé, il a été impossible de visiter, et la famille commence à peine à ouvrir les portes, sans doute en échange du classement du site…. et dans la perspective d’aides financières pour ôter le filet de façade ?

le magasin au rez de chaussée

même les ferrures des tables...
...ou celles des étagères, sont Art-Déco














De l’extérieur, on ne voit quasiment rien, sauf une maison sculptée au coin de la place centrale, emmaillotée de filets destinés à empêcher les passants de recevoir un morceau de sculpture. Le résultat d’une bombe sur la maison voisine en 1936. On a le droit d’entrer dans le magasin qui fête ses cent ans, et si l’on est malin, on peut en restant dans la rue, domaine public, entrevoir l’escalier d’entrée par la porte ouverte quand la femme de ménage passe la serpière sur les mosaïques et laisse sécher quelques minutes.

le ménage du matin : il suffit d'être là à l'heure dite !

de la rue on peut entrevoir les merveilles de l'intérieur...
J’ai pu l’an passé acheter le livre, "La Casa Navàs, de Lluis Domènech i Montaner", Col'leccio Modernisme Noucentisme, le seul livre présenté par le Gaudi Centre que les réceptionnistes ont fini par me céder contre soixante-cinq Euros (en liquide). Nous avons une heure pour entrer dans la merveille….soixante minutes de felicidad comme chantait Sylvie Vartan (qui se contentait de deux minutes trente-cinq) !

Une Casa pour laquelle l’architecte a eu toute liberté de Joaquim Navàs et son esposa Josepa Blasco Roura pour concevoir en 1900 les sols ; plafonds ; murs ; décoration et sculptures ; portes et poignées ; meubles ; lampes ; lustres ; brocards…sans oublier cuisine ; toilettes et salle de bains. « Tout est original nous précise Concha » ! Elle veut dire : d’origine ! C’est d’ailleurs étonnant : aucune place pour glisser un objet personnel, tout est décoration, univers végétal, dans le salon ; le salon d’apparat ; la salle à manger ; la cuisine ; la salle de bains ; les toilettes ; le salon de musique…

sans filets, c'est quand même autre chose  !

La maison des fleurs

Ca me rappelle vraiment l’histoire de la Sainte Chapelle : Louis IX cherchant à se transporter dans un univers représentant l’Apocalypse. Les Navàs devaient avoir une imagination étonnante : ils n’ont pas d’enfants, et vivent dans leur (grande) maison de ville, juste au-dessus du magasin. Leur maison qui possède une terrasse ouverte est remplie de verrières, qui font penser à des tonnelles de fleurs. Pas besoin de jardin : ils vivent dans un jardin éternel, une sorte de paradis, il y a même les pommes d’or du jardin des Hespérides ! Le spectacle est féérique. Aucun monument Art-Nouveau ou Art-Déco de Belgique ; Nancy ; Prague ; ou Barcelone ne nous a jamais fait le même effet. Jamais rien vu d’aussi étonnant. Gaudi né à Réus n’a rien réalisé d’aussi fou ! C’est extraordinaire !

le papillon de nuit de la mosaïque de l'entrée
Alors je me mets à la queue du cortège. Et je me cache, et je résiste. Et je m’accroupis pour ne pas être vu. Des visiteurs m’observent, me jalousent ! Vont-ils me dénoncer ? Ils en rêvent ! Concha partie pour ouvrir une porte revient brutalement par une autre et me prend en plein déli : « je vais finir par confisquer la caméra ! ». Je bafouille,  et prends l’air penaud du français pris en flagrant délit de désobéissance….

la grande double-porte du salon de musique

le jardin des Hespérides


Une heure après, il est douze heures, la queue suivante arrive prête à chausser nos chaussons déchaussés. Il y a tous les samedis trois queues semblables, et je suppose que ça dure tout l’été.



J’ai vu la merveille…et vais pouvoir tenter de reconstituer quelques dessins des artistes disparus.

une des rares photographies sur internet
la cuisine et son vitrail. Il y a un évier pour les verres ; un pour les assiettes etc...

bien pratique, la forme du rabattant des toilettes, pour lire tranquille !
...avec sa lumière tamisée...

Josepa pose au plafond avec ses lunettes

Il me reste une tâche : trouver le successeur du Maître des vitrales ; Antoni Rigalt i Blanc, de ...Barcelona ! 

l'auteur du Palau de la Musica Catalana...!

post-scriptum : que Concha se rassure : toutes ces photos sont extraites du bouquin...!
et sont signées Amb fotografies d'Arcadi Vilella i Joan Rius

TARRACO ROMANA



Nous revenons de Salou, là où règne le bonheur …catalan. Nous avons nos habitudes à la Villa Romana où nous sommes un peu en terre romaine. On commence le dimanche, avec le repas de 13 heures. On finit le dimanche suivant mais on se contente du petit-déjeuner qui constitue un repas à tel point que les anglo-saxons ne se gênent pas pour se goinfrer de frites ; saucisses ; bacon et autres haricots. Le matin il y a même du champagne (espagnol) gratuit, mais il faut bien reconnaître que seules en goûtent quelques (très grosses) dames qui n’ont plus rien à prouver ni à perdre, et qui tolèrent le mousseux sucré !

Le gros avantage de Salou est d’offrir la villégiature ; et les repas, ce qui est beaucoup pour servir d’ossature au bonheur. Mais à vingt kilomètres autour, on peut se cultiver l’esprit, et cette fois au lieu de retourner à Reus, nous avons découvert Tarragone. Tàrraco des Romains.

Nous avons repris le chemin que prenait le propriétaire fastueux de la villa de Cencelles à Constanti tout proche. Depuis deux mille ans, la coupole immense n’a pas bougé ! Et le plus fort, est que les mosaïques habituelles ne revêtent pas le sol, mais la coupole !







Arrivée à Tarragone, il faut franchir l’enceinte romaine faite de blocs cyclopéens. Ici tout est à la gloire d’Auguste, et rappelle Rome, on côtoie même Romus et Romulus.





Nous reparlerons plus tard de la cathédrale et de son cloître. L’objectif est le musée archéologique, rempli des objets trouvés lors des fouilles : mosaïques ; statues ; objets de marine ; objets usuels de verre ou de cuivre…. Que des merveilles !


Il y a une mosaïque de Méduse, mais mieux il y a Euterpe, et même Mnemosyne (voir mes histoires de papillons !). Et une grande mosaïque de poissons avec homards et dauphin.












voici Thalia, la muse de la comédie avec son masque




Quelques Vénus ;  des nus ; des toges ; et des drapés !








la preuve est maintenant flagrante : les fesses de Bacus sont plus harmonieuses...
...que celle de Vénus !


mais rien n'est plus seyant qu'un drapé ajusté