dimanche 11 septembre 2011

Pandore

Version pudique ? ou impudique ?

Pandore, c’est Eve pour les grecs. Dans la mythologie grecque en effet, Pandore (en grec ancien Πανδώρα / Pandra, « panta dora, celle qui a tous les dons ») est la première femme.

Alexandre Cabanel
 Elle fut créée sur l'ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes. C’est Prométhée qui les avait créés, en position debout pour ressembler aux dieux. Il leur avait donné le feu, la métallurgie et autres arts. Zeus furieux (jaloux une fois encore !) lui inflige un supplice : être enchaîné à un rocher des montagnes du Caucase, et se faire dévorer le foie par un aigle. Et pour lui montrer qui est le patron, il crée la femme : Pandore, la première, celle qui a tous les dons. Elle est fabriquée dans l'argile par Héphaïstos ; Athéna lui donne  la vie, lui apprend l'habileté manuelle (entre autres l'art du tissage) et l'habille ; Aphrodite lui donne la beauté ; Apollon le talent musical, Hermès lui apprend le mensonge et l'art de la persuasion (ça ne s’appelait pas encore la politique) ; enfin Héra lui donne la curiosité et la jalousie. On a déjà vu combien Héra curieuse des maîtresses de Zeus avait des raisons d’être jalouse ! Il était aussi jaloux qu’elle ! beau couple !




















Harry Bates

Zeus offre la main de Pandore à Épiméthée, frère de Prométhée. Bien qu'il ait promis à Prométhée de refuser les cadeaux venant de Zeus, Épiméthée accepte Pandore. Celle-ci apporte dans ses bagages une boîte mystérieuse que Zeus lui avait interdit d'ouvrir. (En réalité ce n’était pas une boite, mais une jarre). Il y en avait deux dans le jardin de Zeus : la première enfermant les biens, la seconde contenait tous les maux de l'humanité. Pas de chance, Pandore prend la mauvaise ! Elle contient notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, et la Passion. Mais il y avait quand-même un antidote :  l'Espérance.
Lawrence Alma-Tade
Une fois mariée, Pandore céde à la curiosité (qu'Héra lui avait donnée rappelez-vous) et ouvre la boîte, libérant ainsi les maux enfermés à l'intérieur. Voulant refermer la boîte pour les retenir il était hélas trop tard ! Seule l'Espérance, plus lente à réagir, resta enfermée.

Jules Joseph Lefevre

Voilà pourquoi je vous ai parlé d’Eve, et de sa chute avec Adam dans la Génèse. Dans ces deux mythes, c'est la femme, pourtant avertie (par Dieu dans la Bible ou, ici, par Prométhée et Zeus), qui commet l’irrémédiable erreur (en mangeant le fruit défendu dans la Bible ou, en ouvrant la boîte de Pandore), plongeant ainsi l'humanité dans une vie faite de maux et de douleurs. Si la version biblique semble a priori plus indulgente pour la femme (qui est poussée à la faute par le serpent tentateur et partage la dite faute avec son homme), elle est punie de ce péché originel en enfantant dans la douleur .

Grâce à ces péripéties,  l'homme a cependant la possibilité de s'améliorer dans les épreuves et l'adversité (ce que les monothéistes appellent les maux). Il reçoit  aussi la force d'affronter les épreuves grâce à l'espoir.


L’espoir fait vivre Jacques de Caso et Douglas Siler qui redécouvrent une Pandore «impudique» ! C’est l’histoire des deux Pandore de Pradier !

Le sculpteur James Pradier (Genève 1790 – Paris 1852) a connu de son vivant une grande célébrité. En 1985-1986 a lieu à Genève (Musée d’Art et d’Histoire), puis à Paris (Musée du Luxembourg), la première exposition rétrospective de son œuvre, accompagnée d’un catalogue rédigé par J. de Caso, G. Garnier, C. Lapaire, I. Leroy-Jay Lemaistre et D. Siler (Statues de chair, Chaîne d’Éditions, Genève, 1985, 404 pages).


 On peut admirer Sapho au musée d’Orsay ; et une « Salle Pradier » existe maintenant au musée d’Art et d’Histoire de Genève – lequel conserve le fonds d’atelier du sculpteur – et au Louvre. Enfin, un site Pradier vient d’être créé sur internet (http://www.jamespradier.com/). Il est rare que l’on ne soit pas admiratif des trois Grâces de Pradier !



























On sait ainsi que Pradier exécuta Pandore dans deux versions. Il faut observer que de toute manière, Pandore est à moitié habillée, et à moitié nue, ce qui vous allez dire revient au même. Bien qu’en gros semblables, de légères variantes les différencient dans le vêtement et les ornements. Cette distinction réside dans la configuration que Pradier a donné à la partie du drapé qui cache – ou découvre – le sexe. Dans la Pandore  « pudique », le drapé descend et empiète sur la cuisse gauche. On ne voit rien de ce qu’il ne faut pas voir. Par contre, dans la Pandore « impudique », le drapé dégage entièrement la même cuisse en ménageant une vue directe sur l’origine du monde, comme a titré Gustave Courbet en 1866 son célèbre tableau.

pudique : on ne voit rien !

 Pradier nous permet ainsi de contempler le sexe dévoilé de Pandore, sachant qu'il faut adopter la bonne position de face, (et qu'il faut avoir une grande imagination pour le peu qu'il donne à voir).

impudique : on en a vu d'autres !

Si l’on n’a pas retrouvé l’espoir, on éprouve au moins la satisfaction de tout voir de la première des femmes.

Eve ne nous avait pas si gâtés !


voici la Bacchante de Pradier, ou plutôt les fesses de la Bacchante...
                                                              
                                                         ...impudique ?